[fr] Evgueni Burov nous a quittés

Nous avons la grande tristesse de vous faire part du décès d’Evgueni Burov, Professeur de géophysique à l’Université Pierre et Marie Curie, survenu le vendredi 09 octobre, à l’âge de 52 ans, lors d’une mission au Chili.

Formé au prestigieux Institut de Physique et Technologie de Moscou, Evgueni Burov avait rejoint la France et travaillé à l’Institut de Physique du Globe puis au Bureau de Recherches Géologiques et Minières avant de rejoindre l’UPMC en 1999. Il y était Professeur de classe exceptionnelle à l’Institut des Sciences de la Terre de Paris.

Géophysicien, modélisateur des processus internes qui façonnent notre planète, Evgueni était un scientifique de renom, connu par le monde entier. Il contribuait de manière prépondérante au rayonnement des Géosciences à l’UPMC, dont il était pour toute la communauté française et internationale une des figures de proue.

Membre de l’Academia Europaea, il était récipiendaire de prestigieuses distinctions scientifiques européennes et internationales (Stephan Muller et Flinn medals notamment) et lauréat d’un ERC advanced grant.
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Editeur en chef du journal Tectonophysics, reviewer distingué, animateur de task forces dédiées à la modélisation (notamment au sein de l’International Lithosphère Programme) et instigateur de nombreuses synergies, Evgueni Burov était un des numériciens les plus cités dans le domaine des géosciences.

Tous ceux qui l’ont côtoyé se souviennent de lui comme d’une personne souriante, qui ne ménageait jamais sa peine. Il était un scientifique ardent et infatigable.

L’ensemble du personnel de l’Institut des Sciences de la Terre de Paris, ses collègues scientifiques et amis expriment toute leur douleur et leur affection à sa femme Katia et à son jeune fils Alexei.

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Evgueni au ILP meeting à Tokyo (5-9 Octobre 2015):

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12 thoughts on “[fr] Evgueni Burov nous a quittés

  1. Un grand scientifique nous a quitté prématurément. Il était passionné par l’immensité des champs de recherche que ses développements permettaient d’aborder. Avec lui, des processus complexes prenaient sens grâce à la “magie” des modèles numériques. Je tiens à exprimer mes sincères condoléances à sa famille, ses proches et ses collègues.
    Serge Lallemand

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    1. Sincères condoléances à la famille et aux amis de Genia. Il a été un contributeur infatigable à notre compréhension de la mécanique de la lithosphère; il en comprenait les finesses. Sa disparition prématurée laisse un grand vide dans notre discipline. Sa gentillesse, aussi, sera regrettée.

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  2. En 1999, j’avais participé à la commission qui recruta Genia à l’Université Pierre-et-Marie-Curie. Pour des raisons de cuisine universitaire, le recrutement se faisait en section 36 du CNU et la commission était majoritairement constituée de paléontologues, stratigraphes et sédimentologues. Tout jeune encore, il impressionna ce curieux jury tant son potentiel était évident. Il est devenu rapidement une « star » dans le milieu tout en gardant ses qualités initiales de curiosité, de simplicité et de gentillesse. Il est parti bien trop vite laissant la trace d’une carrière exemplaire. Une « école Burov » existe dorénavent.
    Salut Genia !

    Dominique Frizon de Lamotte

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  3. Grâce à Michel Diament, j’ai connu Genia en 1989 quand il était étudiant à Moscou, au laboratoire de Misha Kogan. Il partageait avec d’autres étudiants un unique poste informatique dont il était déjà un expert. Il était comme il a toujours été: timide, serviable, passionné de science, d’une grande modestie. Il n’aimait pas se mettre en avant, il était exigeant d’abord avec lui-même. Ce décès brutal est une grande perte, humaine et scientifique. Sa production scientifique est extraordinaire, sa réflexion scientifique intense et stimulante, avec ce souci permanent de rapprocher toujours plus les modèles de la réalité. Hommage à toi Genia, tu étais un grand bonhomme, c’est dur de parler de toi au passé. Que vive maintenant l’école que tu as fondée.

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  4. Genia était un collègue remarquablement doué, sérieux et d’une grande simplicité. Une telle conjonction de qualités humaines et intellectuelles est rare. Bien que le connaissant depuis longtemps, nous venions seulement d’entamer une collaboration sur différents thèmes. Travailler avec lui était un plaisir, discuter de tout autre sujet autour d’un verre également. Sa disparition crée un gouffre en géodynamique, au niveau national comme international, mais c’est avant tout la perte d’un ami.

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  5. Cher Génia,
    Je voudrais redire ici ce que je t’ai confié hier.
    Je voudrais que tu saches à quel point ta disparition m’affecte et nous pèse.
    Combien nous ne t’oublierons pas ton visage, ta façon d’être, tes taquineries espiègles à notre égard, ta fidélité, ta dignité face à la vie,
    cette alliance secrète de timidité, d’ambition et d’audace qui ont si fortement contribué à ton rayonnement scientifique,
    ou encore ton dévouement corps et âme à la science, sans souci, jamais, de te ménager.
    Je garderai de toi l’image d’un homme — un homme dans son acception la plus grande, un homme affable, doux, cultivé, malicieux, et extraordinairement investi.
    Sois assuré, cher Génia, de toute mon amitié.

    [j’espère que mes collègues, tes collègues et amis, se reconnaîtront dans ce que j’ai voulu transmettre en leur nom aussi :

    ” Cher Genia,

    Je suis content de te revoir, de voir ton visage, d’avoir cette chance

    Il est difficile de trouver les mots en pareille occasion,
    à la fois tragique, par ta disparition soudaine, brutale, qui nous a tant choqués,
    et tristement ordinaire, hélas, quand vient à chacun de nous le moment de quitter les siens.

    Au nom de tes amis, de tes collègues, de tes étudiants, au nom de l’ensemble de la communauté internationale des géosciences dont tu as porté si haut les couleurs, je voudrais que tu saches à quel point ta disparition nous affecte, nous pèse ; combien nous ne t’oublierons pas.

    Nous ne saurions oublier ton visage, ta façon d’être, tes taquineries espiègles à notre égard, ta fidélité, ta dignité face à la vie,

    cette alliance secrète de timidité, d’ambition et d’audace qui ont si fortement contribué à ton rayonnement scientifique,

    ton dévouement corps et âme à la science, sans souci, jamais, de te ménager,

    ton engagement ardent en faveur de la communauté géophysique et géodynamique, en faveur de la modélisation et de son enseignement, notamment à travers cet International Lithosphere Programme qui te tenait tant à coeur.

    De manière plus intime, je voudrais témoigner ici, par ma voix modeste,
    de l’immense douleur de ta famille,
    de l’immense détresse de tes proches qui n’ont pu être présents aujourd’hui, Katia et Alexei en premier lieu, et tous tes amis les plus chers,
    t’assurer de leur amour, de l’amour qu’ils te donnent et continueront à te donner,
    de leur présence indéfectible à tes côtés.

    Il te reste un dernier voyage à accomplir pour retrouver les tiens.
    Tu peux désormais les attendre en paix, serein, rempli de tout l’amour et de l’admiration qu’ils te portent.
    Je t’ai amené une écharpe d’alpaga pour te tenir chaud ; elle est douce et soyeuse, et elle a la couleur qu’ont celles des académiciens.

    Je garderai de toi l’image d’un homme — un homme dans son acception la plus grande, un homme affable, doux, cultivé, malicieux, et extraordinairement investi.

    Sois assuré, cher Génia, que ton souvenir, pour nous tous, restera précieux “

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  6. Quand Evgenii Burov a été recruté au laboratoire en tant que professeur, c’était pour développer les modélisations si utiles en tectonique. Il a vite accompli ce travail, complètement et avec brio. Il a confirmé ses capacités de grand chercheur de niveau international, tout en révélant sa modestie et ses qualités humaines. Avec patience il a formé et créé son équipe et ouvert de nouvelles perspectives.

    Sa disparition est un grand choc. Tel était son destin. Je tiens à partager ma tristesse avec l’épouse et la famille d’un homme fauché dans la force de l’age. Je participe aussi à la douleur de ses collaborateurs.

    Pour nous, son ame est inscrite à jamais dans ses oeuvres.

    Jean Chorowicz

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  7. J’ai connu Genia alors que j’étais une jeune étudiante en these au laboratoire de géophysique et géodynamique interne de l’IPG dirigé par Michel Diament. Ma these a porté sur le comportement mecanique de la lithosphere continentale et j’ai beaucoup bénéficié des conseils de Genia a l’époque. Je lui serai toujours reconnaissance d’avoir partagé ses connissances scientifiques avec moi et tous les membres du laboratoire. Outre ses qualités scientifiques, Genia était doté de tres bonnes qualités humaines, toujours serviable. Sa disparition est une grande perte pour la communauté scientifique internationale.
    Mes sincères condoléances a sa femme Katia et son fils, de meme qu’au reste de sa famille. Que son âme repose en paix.

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  8. Cher Génia
    Quel immense choc. Quelle immense perte. Qu’il est bien difficile d’imaginer que te voilà parti.
    Je voudrais te remercier d’avoir tout de suite compris que je ne comprendrais jamais rien à tes modèles et que cela ne servirait à rien d’essayer de me les expliquer.
    Je voudrais te remercier d’avoir tout de suite compris que je n’étais pas en mesure de suivre la moitié de tes jeux de mots ni le quart de tes digressions architecturales.
    Je voudrais te remercier pour ton intelligence, pour ton humour, pour ton espièglerie, pour ta modestie. C’est un bien si précieux d’avoir pu côtoyer, même épisodiquement, un funambule éclairé, un esprit des lumières, un homme bon.
    Je me joins à la douleur de Katia et d’Alexei et à celle de tous tes amis et collègues si nombreux.
    Pascal

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  9. Genia,

    Depuis que j’ai appris la terrible nouvelle, je ne cesse de penser à ces jours à Orsay, quand nous étions tous les deux en thèse. L’arrivée de nos amis de Moscou, Micha Kogan en tête, annonçait toujours une période animée! Très vite, tu es devenu un membre du labo, toujours prêt à échanger, à découvrir. J’appréciais ta gentillesse, ta curiosité, ta culture, ta générosité. Toujours un sourire timide, un regard espiègle. Et une grande intelligence. Ces qualités ont fait de toi l’un des scientifiques les plus brillants de ta génération et, avant tout, un homme juste et bon. Tu nous manqueras.

    Je pense à Katia et à ton fils, à tes amis. Qu’ils soient sûrs, en ce moment de profonde tristesse, que tu resteras toujours vivant dans ton œuvre et dans les souvenirs de ceux qui t’ont côtoyé.

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  10. Cher tous,

    Moi aussi, bien évidemment. Quasiment 20 ans, avec des échanges très réguliers.
    J’ai compris ces derniers jours – et au travers de vos messages – que je n’étais pas
    son seul ami, qu’il avait su plaire, convaincre et attirer beaucoup d’entre nous.

    Genia était inquiet pour son fils, qui allait rentrer au collège, il m’en faisait part.
    Bien entendu il allait continuer à s’intéresser à ces magmas pegmatitiques, si
    différents des autres, rhéologiquement, mais je le sentais surtout soucieux des
    prochaines années.
    T’inquiètes Genia, Katia était super-affectueuse avec Alexei à Ste Geneviève,
    il sera bien guidé. Les copains d’Alexei étaient là, y compris le coach de l’équipe
    de hockey. On s’occupe de lui.

    Je suis effondré, et je ne m’en remets toujours pas…

    Cheers
    laurent gf

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  11. Eh bien oui, nous sommes presque deux ans plus tard et j’ai appris la nouvelle cet après-midi.

    Durant 3 ans mon bureau, tour 26 à Jussieu, était voisin de celui de Genia. Je ne me souviens plus des détails du jour de 1999 où précédé de sa réputation, il a investi son bureau. Je crois me souvenir que rapidement je suis allé le saluer, comme on le fait pour tout nouveau voisin lorsqu’on est poli, tout de même intimidé car à ce que l’on disait, c’était là un gros poisson que le laboratoire avait attrapé. Après quelques secondes, avec son sourire malicieux, mêlé à une timidité dont je ne savais si elle n’était pas un effet de son français hésitant, cet impressionnant Professeur annoncé comme le Messie, était devenu le plus charmant et attachant des collègues, et l’un des plus cool. Je ne comprenais pas grand-chose à ses modèles, ou peut-être plutôt, à la façon dont il présentait son travail, usant de termes qui à cette époque ne me paraissaient pas toujours très clairs. Peu importe. Nous discutions assez peu mais chaque discussion était soit légère et humoristique, soit sérieuse, humoristique et accablante. Je venais en effet de temps à autre le voir avec un questionnement scientifique bien ficelé, toujours un peu intimidé en dépit de sa simplicité et de sa gentillesse jamais prises en défaut, anticipant que ses lumières intenses m’aideront à trancher entre différentes hypothèses mûrement réfléchies. Je ressortais immanquablement de son bureau convaincu que ma question aurait dû me couvrir de honte, que mes hypothèses étaient risibles mais que de toute façon ça n’avait aucune importance car jamais on ne saura la réponse. Il s’agissait en général de questions ayant trait à la déformation de la croûte martienne, mon sujet de prédilection, ce qui avait l’air de l’amuser beaucoup car à l’époque, sans données de terrain et des données géophysiques plutôt rustiques, comment contraindre quelque modèle que ce soit ? Et pourtant des modèles pullulaient déjà dans la littérature. En fait, même lorsque nos conversations tournaient autour d’autre chose, à un moment Mars venait sur le tapis et le faisait se gausser de toutes ces tartufferies planétologiques. Il remettait les modèles planétologiques à leur place avec un humour que tous ceux qui ont travaillé avec lui imaginent parfaitement. Par la magie sans doute de la porosité des fameuses briques des cloisons séparant les bureaux de Jussieu de l’époque, il a un peu déteint. j’ai acquis progressivement, durant ces 3 années, un esprit burovien sur la planétologie qui ne m’a jamais quitté depuis, me transformant à jamais en pratiquant modérément croyant.

    En 2004 je suis parti de Jussieu, et en 2011 de la France, ce qui explique qu’il m’a fallu revenir aujourd’hui à Jussieu, dans son ancien laboratoire, pour la première fois depuis 13 ans, pour apprendre la nouvelle. Pour tout dire, je n’y crois pas. D’ailleurs son site web perso est toujours là, quand bien même je ne peux que constater qu’il n’a pas été mis à jour depuis 2015. En mai ou juin 2015 je lui avais écris dans le cadre d’un projet de recherche que je soumettais, et je crois que pour la première fois nous étions proche de collaborer, sur un sujet martien. Il était en stage de terrain. Je l’imagine bien sur le terrain, ça ne devait pas être triste ! RHEOLITH venait d’être accepté je crois, et nous devions reprendre contact un peu plus tard. J’ai finalement décidé de retarder les débuts de cette collaboration, le temps d’acquérir suffisamment de données pour entamer des discussions précises avec lui. Personne mieux que lui ne sait montrer comme la bonne formulation d’un problème est le pas le plus important vers sa solution. Je fourbis mes armes depuis 2015.

    Je crois aux modèles, surtout à des personnes que l’on se choisit pour modèle. Genia est le chercheur le plus brillant que je connais, avec une personnalité hors du commun. Genia est mon modèle, depuis longtemps je pense que si j’arrivais à être un bon chercheur, je voudrais être comme lui. Combien de fois me suis-je demandé ce que Genia penserait s’il était à ma place ? Quand on se reverra j’aurai beaucoup de questions à lui poser. D’ici là il n’a pas fini de me manquer.

    Mais je vais sans doute me réveiller. Et je vérifierai sa page web, il doit bien y avoir une mise à jour récente.

    daniel

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